"Je ne veux pas parler de mes émotions"

 
Je me suis toujours définie comme quelqu’un de curieux, à tel point que mon surnom en langue des signes est le mot « curieux ». Je suis curieuse et j’adore apprendre de nouvelles choses, mais ce que j’aime le plus, c’est transformer et créer… de donner de la forme à une idée de manière efficace et amusante.  
Ceux-ci ont été les ingrédients pour créer le jeu EMOTING. Permettez-moi donc de vous raconter son histoire. 
“Il était 9 heures du matin, mon premier patient est arrivé et toutes les activités étaient prêtes. J’avais prévu de parler des émotions, en particulier de la tristesse et de la colère. Eh bien, la frustration serait un plus…
J’étais prête et disponible à exercer le métier que j’avais choisi, convaincue qu’identifier ses émotions soulagerait le petit bonhomme et que nous pourrions continuer à travailler sur la gestion émotionnelle. Imaginez ma surprise quand j’ai entendu : « Je n’ai pas envie ! Je veux parler de Pokémon ».
J’aimerais pouvoir dire que j’ai réussi à désamorcer ce refus, mais ce serait faux… J’ai fini la séance en parlant de Pokémon et en validant les énormes connaissances de l’enfant dans ce domaine. La confiance en soi était un objectif également…
Pendant ce temps, je pensais sans cesse que j’aurais aimé qu’il soit autant motivé pour parler des émotions. Finalement, la journée a passé sans grande inspiration de ma part. Le soir, sa phrase m’est souvent revenue en tête : « Je ne veux pas ! Je veux parler de Pokémon ». J’ai alors exploré diverses théories et stratégies mais rien ne me semblait adapté pour fomenter son envie de parler des émotions et de soi. 
Je voulais quelque chose d’intrinsèquement motivant… et ses paroles tournaient en boucle dans ma tête jusqu’au moment « EUREKA ». Il avait raison, il était possible de parler de Pokémon et d’émotions.
Je me suis levée de mon canapé avec enthousiasme et j’ai ouvert CANVA pour concevoir de petites cartes illustrées avec des monstres. Chaque monstre représentait une émotion. De plus son attaque pouvait être compris comme une forme de régulation émotionnelle.
Au départ, j’avais prévu de créer seulement une dizaine de cartes, mais à ma grande surprise, j’ai terminé la soirée avec plus de 20 cartes. Cette tâche s’est révélée être intrinsèquement motivante pour moi également.
Imprime, découpe, organise et… Finalement, alors que je réfléchissais à un nom pour le jeu, mon esprit était presque vide d’idées. Soudain, l’annonce de Burger KING a capté mon attention… le son de « ING » a résonné dans ma tête, et c’est ainsi qu’EMOTING a vu le jour. Le jeu était maintenant prêt à être présenté à l’enfant. Sa passion pour les petit montres collectionnantes m’avait “contaminé” (à nouveau !). 
Le moment était arrivé et le jeu a été adopté par l’enfant… Finalement, il était possible de parler de ses émotions. D’autres tests ont suivi et petit à petit, le jeu s’est composé de 70 cartes.”
Pour moi, les moments de difficulté sont des occasions précieuses d’apprentissage et de perfectionnement dans notre métier. La créativité et la flexibilité sont les maîtres mots de notre progression, n’est-ce pas ?